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DE PLUTARQUE.

chose que des insectes ronges forts petits, ou des vapeurs de la même couleur qui retombent siu’ la terre. Le vulgaire peu instruit les prend pour des gouttes de sang, et les regarde comme un prodige qui lui paraît du plus sinistre présage. Aristote, qui n’était ni un ignorant ni un esprit superstitieux, parle, au rapport de Plutarque, d’une pierre tombée du haut des airs, et n’assigne aucune cause de cette chute. Pour justifier pleinement Plutarque de cette accusation injuste, il suffit de lire son traité contre la superstition. Il est impossible de mieux faire sentir les dangers de cette crainte avilissante, de peindre avec plus de force le malheur des âmes superstitieuses, les angoisses, les terreurs, qui les agitent et ne leur laissent pas un seul instant de repos. Ceux qui accusent Plutarque ne combattraient pas la superstition avec des armes plus puissantes, et n’en parleraient pas aussi sagement que lui.

XXV. Quel a donc pu être le motif ou le prétexte de ce reproche si souvent répété de nos jours ? il n’est pas difficile à connaître quand on a lu ses ouvrages. Plutarque était religieux ; il respectait, il honorait les dieux ; il remplissait fidèlement tous les devoirs que la raison naturelle prescrit à l’homme à l’égard du Dieu qu’elle lui fait connaître comme