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SOLON ET PUBLICOLA.

forte dans Publicola que dans Solon : celui-ci avait ordonné qu’un citoyen qui aurait aspiré à la tyrannie ne fût puni qu’après sa conviction ; Publicola permit de le tuer avant même qu’il fût mis en jugement. Solon se glorifiait avec justice d’avoir refusé la royauté, quand les affaires semblaient l’y appeler, et que ses concitoyens l’y portaient eux-mêmes. Il n’est pas moins glorieux à Publicola d’avoir rendu plus populaire l’autorité presque tyrannique du consulat, et de n’avoir pas usé de toute la puissance qu’il lui donnait. C’est cette modération dans le gouvernement que Solon avait en vue, lorsqu’il disait :

S’il n’est ni trop foulé, ni trop dans la licence,
Le peuple de ses chefs respecte la puissance.

III. Une ordonnance particulière à Solon, c’est 1 abolition des dettes, qui contribua plus qu’aucune autre à affermir la liberté. En vain les lois établissent l’égalité, si les dettes en privent les citoyens pauvres ; si lors même qu’ils paraissent jouir le plus souvent de leur liberté, soit en jugeant, soit en exerçant quelque magistrature, ou en donnant leur suffrage, ils sont encore plus esclaves des riches, et ne font que suivre les ordres de leurs créanciers. Mais une chose remarquable ajoute encore au mérite de cette ordonnance : presque toujours une abolition de dettes entraîne à sa suite des trou-