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populaire : c’est celle qui permit d’appeler, au tribunal du peuple assemblé des jugements rendus par les consuls. Une autre loi prononçait la peine de mort contre ceux qui entreraient dans des charges sans y avoir été nommés par le peuple. Par une troisième, qui fut d’un grand soulagement pour les pauvres, il déchargea les citoyens de tout impôt, ce qui les fit s’appliquer avec plus d’ardeur aux arts et aux manufactures. La loi qu’il porta contre ceux qui n’obéiraient pas aux consuls parut aussi populaire que les précédentes, et plus favorable encore aux faibles qu’aux puissants. Il établit contre cette désobéissance une amende de la valeur de cinq boeufs et de deux moutons : le prix d’un mouton était de dix oboles, et celui d’un boeuf de cent. Les Romains n’avaient pas encore beaucoup d’argent monnayé, et tout leur revenu consistait en troupeaux de gros et de menu bétail : de là vient que, même aujourd’hui, le bien que chacun possède s’appelle peculium ; et que leur plus ancienne monnaie porte l’empreinte d’un boeuf, d’un mouton ou d’un pourceau. Ils donnaient même à leurs enfants des noms tirés de ces animaux : ils les appelaient Suillius et Porcius, porcher ; Bubulcus, bouvier ; Caprarius, chevrier.

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La douceur et la popularité de ses ordonnances n’empêchèrent pas que, dans les peines qu’il décernait,