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VIE

reculent sa mort jusqu’au règne d’Antonin ; ce qui lui donnerait quatre-vingt-neuf ou quatre-vingt-dix ans de vie. Quelques-uns ne le font vivre que soixante-douze ou soixante-quinze ans ; mais tous n’appuient leurs sentimens que sur des probabilités et des conjectures fort incertaines, qu’il est facile de détruire, et non de remplacer par de meilleures. Je n’entrerai pas dans cette discussion, qui, ne pouvant mener à rien de certain, aurait peu d’intérêt pour le lecteur. Je dirai seulement que le nombre prodigieux d’ouvrages que Plutarque a composés, et comme historien et comme philosophe, font croire qu’il a poussé loin sa carrière. Quoiqu’il écrivît avec une facilite qui a nui à la perfection de ses ouvrages, il en est un grand nombre qui ont demandé des recherches longues et pénibles, et qui n’ont pu être que le fruit lent du travail et des années.

XIX. Il entre nécessairement dans l’histoire d’un homme de lettres de faire connaître le mérite et l’utilité de ses ouvrages. J’ai déjà jugé Plutarque comme historien ; il me reste à l’apprécier comme philosophe. Il n’a, sous ce dernier rapport, ni la même réputation, ni le même mérite. Quels droits cependant n’a pas à notre estime un écrivain laborieux qui fit un emploi si utile de ses talens et de ses con-