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avait faite, n’était qu’un moyen de sonder les dispositions du peuple, et de tramer une conspiration. Ses ambassadeurs y travaillaient sourdement ; et sous prétexte de ramasser tout ce qui appartenait au roi, ils prolongeaient leur séjour à Rome, en disant tantôt qu’ils en vendaient une partie, tantôt qu’ils en mettaient une autre à part, tantôt enfin qu’ils faisaient partir peu à peu le reste. Tous ces délais leur donnèrent le temps de corrompre deux des premières familles de Rome, qui jouissaient de la plus grande estime : celle des Aquilius, dans laquelle il y avait trois sénateurs, et celle des Vitellius, qui en avait deux. Ils étaient tous par leur mère neveux du consul Collatinus ; et les Vitellius avaient en particulier une autre alliance avec Brutus, mari de leur soeur, dont il avait eu plusieurs enfants. Les Vitellius séduisirent les deux fils aînés de Brutus, encore fort jeunes, qui, à cause de leur parenté, avaient avec eux des liaisons habituelles ; ils les attirèrent dans la conjuration par l’appât d’une alliance avec la famille des Tarquins, dont la puissance et la grandeur devaient leur faire tout espérer, et les affranchiraient de la dépendance d’un père dur et stupide. Ils appelaient dureté sa rigueur inflexible ; quant à sa stupidité, il l’avait longtemps feinte