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Après avoir fait connaître le caractère de Solon, nous allons comparer avec lui Publicola, celui à qui le peuple romain donna ce surnom honorable. Il s’appelait auparavant Publius Valérius, et descendait de ce Valérius qui, dans les premiers temps de Rome, eut une si grande part à la réconciliation des Romains avec les Sabins, et à leur réunion en un seul peuple. Ce fut lui, en effet, qui détermina les deux rois à une conférence, et qui leur fit conclure la paix. Issu de cet homme illustre, Valérius, lors même que Rome était encore soumise à des rois, s’y faisait distinguer par son éloquence et par sa fortune. Il se servait de l’une avec autant de droiture que de liberté pour défendre la justice, et employait l’autre à secourir avec une généreuse humanité ceux qui étaient dans le besoin ; en sorte qu’on ne doutait pas que, si le gouvernement devenait jamais républicain, Valérius n’y fût placé au premier rang. Tarquin le Superbe n’était monté sur le trône qu’en foulant aux pieds toutes les lois divines et humaines ; et il usait de son pouvoir, non avec la modération d’un roi, mais avec la violence d’un tyran cruel. Il s’était rendu odieux et insupportable au peuple, qui prit occasion de la mort de Lucrèce pour se révolter ; violée par un des fils de Tarquin, elle s’était tuée de sa propre main. Lucius Brutus,