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les écouter, et resta dans sa maison, s’occupant à flaire des vers, dans lesquels il reprochait aux Athéniens toutes leurs fautes :

Si votre lâcheté fit tout votre malheur,
N’accusez pas les dieux d’un honteux esclavage.
Le pouvoir du tyran n’est-il pas votre ouvrage ?
Le garde qui l’entoure assure sa grandeur.

31. On ne cessait pourtant de l’avertir que le tyran, irrité de ses vers, le ferait mourir ; et, comme on lui demandait sur quoi il se fiait pour parler avec tant d’audace : « Sur ma vieillesse, » répondit-il. Mais, quand Pisistrate fut devenu entièrement le maître, il donna à Solon tant de marques de considération et de bienveillance, il l’appela si souvent auprès de sa personne, qu’enfin ce législateur devint son conseil, et approuva la plupart des choses qu’il fit. Il est vrai que Pisistrate maintenait la plupart des lois de Solon, qu’il’était le premier à les observer, et les faisait observer à ses amis. Accusé de meurtre devant l’aréopage, tout revêtu qu’il était du pouvoir suprême, il partit modestement pour se justifier ; mais l’accusateur se désista de sa poursuite. Il fit lui-même quelques lois, et entre autres celle qui ordonnait que les citoyens qui auraient été estropiés à la guerre seraient nourris aux dépens du public. Cependant Solon, au rapport d’Héraclide, avait déjà fait rendre un pareil décret en faveur de Thersippe,