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VIE

plus forte raison, dit-il dans la Vie de Caton le Censeur, me garderais-je de renvoyer un vieux domestique, de le chasser de ma maison, comme de sa patrie ; de l’arracher à ses habitudes, à sa manière de vivre, d’autant qu’il serait aussi inutile à celui qui l’acheterait qu’à moi qui l’aurais vendu. »

XVI. Mais cette douceur et cette humanité qui honorent son cœur n’empêchaient ni la fermeté dont il avait besoin pour tenir ses esclaves dans l’ordre, ni même la sévérité dont il usait quelquefois contre ceux qui s’en étaient écartés. Aulugelle en rapporte un trait qu’il tenait du philosophe Taurus, contemporain et, ami de Plutarque, et dans lequel il démentit ce caractère de bonté dont il faisait profession. « Il avait un esclave d’un naturel méchant, et qui avait quelque teinture de philosophie. Un jour que cet homme avait fait une faute j considérable, son maître ordonna qu’on le châtiât. Pendant qu’on le frappait, il se mit à jeter des cris, en se plaignant de l’injustice du châtiment qu’on lui faisait souffrir. Comme on continuait toujours, il change de ton : au lieu de se plaindre, il fait à son maître les plus sérieuses réprimandes ; lui dit qu’il se pare faussement du nom de philosophe : qu’après avoir souvent parlé contre la colère.