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SOLON.


apparence, quoique moindre en effet, gagnaient beaucoup, sans rien faire perdre à leurs créanciers. Cependant la plupart des auteurs conviennent que cette décharge fut une véritable abolition de toutes les dettes ; et leur sentiment est confirmé par ce que Solon lui-même en a dit dans ses poésies, où il se glorifie d’avoir fait disparaître de l’Attique ces écriteaux qui désignaient les terres engagées pour dettes. Le territoire d’Athènes, disait-il, auparavant esclave, est libre maintenant : les citoyens qu’on avait adjugés à leurs créanciers ont été, les uns ramenés des pays étrangers où on les avait vendus et où ils avaient si long-temps erré qu’ils n’entendaient plus la langue attique, les autres remis en liberté dans leur propre pays, où ils étaient réduits au plus honteux esclavage.

XXI. Cette ordonnance lui attira le plus fâcheux déplaisir qu’il put éprouver. Pendant qu’il s’occupait de cette abolition, qu’il travaillait à la présenter sous les termes les plus insinuans, et à mettre en tête de sa loi un préambule convenable, il en communiqua le projet à trois de ses meilleurs amis : Conon, Clinias, et Hipponicus, qui avaient toute sa confiance. Il leur dit qu’il ne toucherait pas aux terres, et qu’il abolirait seulement les dettes. Ceux-ci, se hâtant de prévenir la pu-