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VIE

cet enfant avait annoncé dès l’âge le plus tendre ; mais il faut le voir tracé de la main même de Plutarque ; il y a peint son propre caractère, « Vous savez, écrivit-il à sa femme, que cette fille m’était d’autant plus chère, que j’avais pu lui faire porter votre nom. Outre l’amour naturel qu’on a pour ses enfans, un nouveau motif de regrets pour nous c’est la satisfaction qu’elle nous donnait déjà ; c’est son caractère bon et ingénu, éloigné de toute colère et de toute aigreur. Elle avait une douceur admirable et une rare amabilité ; le retour dont elle payait les témoignages d’amitié qu’on lui donnait, et son empressement à plaire, me causaient à moi-même le plus vif plaisir, et me faisaient connaître la bonté de son âme. Elle voulait que sa nourrice donnât le sein non seulement aux enfans quelle aimait, mais encore aux jouets dont elle s’amusait, appelant ainsi, par un sentiment d’humanité, à sa table particulière, toutes les choses qui lui donnaient du plaisir, et voulant leur faire part de ce qu’elle avait de meilleur. »

XV. Ce n’est pas la seule occasion où Plutarque montra sa tendresse paternelle ; on en voit d’autres preuves dans le ton affectueux qu’il prend avec ses fils lorsqu’il s’entretient