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SOLON.

grand feu laisse toujours après lui de vives étincelles.

II. Solon ne sut pas se défendre des attraits de la beauté : athlète sans force contre l’amour, il laisse voir dans ses poésies toute sa faiblesse ; on la retrouve même dans celle de ses lois qui défendait aux esclaves de se frotter à sec, et d’aimer les jeunes gens. Cette loi prouve qu’il mettait cet attachement au nombre des inclinations honnêtes et louables : l’interdire à ceux qui lui en paraissaient indignes, c’était y appeler ceux qu’il en croyait dignes. On dit que Pisistrate aima aussi Charmus, et qu’il dédia dans l’Académie la statue de l’Amour, près de l’endroit où l’on allume le flambeau sacré dans les courses publiques (2). Solon, au rapport d’Hermippus (3), trouva que la bienfaisance et la générosité de son père avaient considérablement diminué sa fortune. Il ne manquait pas d’amis disposés à lui fournir de l’argent ; mais, né d’une famille plus accoutumée à donner qu’à recevoir, il aurait eu honte d’en accepter: et comme il était encore jeune, il se mit dans le commerce. Cependant, suivant quelques auteurs, il voyagea moins dans la vue de trafiquer et de s’enrichir que dans le dessein de connaître et de s’instruire. Il faisait ouvertement profession d’aimer la sagesse : et, dans un âge fort avancé, il avait