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Mais est-il vraisemblable que ce prince n’eût pas auprès de lui quelqu’un de sa suite, ou que, le voyant aller du côté de la mer, personne ne l’eût accompagné ?

VII. L’injustice qu’ils commirent en enlevant des femmes n’eut dans Thésée aucun prétexte plausible. Premièrement, il s’en rendit coupable plusieurs fois ; il ravit Ariadne, Antiope, Anaxo de Trézène ; et après toutes celles-là, Hélène, qui n’était pas encore nubile, et lorsqu’il avait lui-même passé l’âge de contracter même un mariage légitime. En second lieu, on ne peut pas l’excuser sur le motif : car, ni les filles de Trézène, ni celles de Sparte, ni les Amazones, qu’il n’avait pas même fiancées, n’étaient plus dignes on plus capables de lui donner des 143 enfants que les femmes d’Athènes, qui descendaient d’Érechthée et de Cécrops. On peut donc le soupçonner de n’avoir suivi en cela que le goût du libertinage et l’attrait de la volupté. Romulus, qui enleva près de huit cents femmes, ne prit pour lui qu’Hersilie, et laissa les autres aux plus distingués des citoyens. Dans la suite même, les Romains, par leur bonne conduite envers ces femmes, par les égards et l’amitié qu’ils leur témoignèrent, firent de cet acte de violence et d’injustice l’action la plus sage et la plus politique. Il unit par là deux peuples,