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victoire, on conduit au Capitole par la place publique, un vieillard vêtu de pourpre, qui porte au cou une de ces bulles qu’on donne aux enfants. Il est précédé d’un héraut qui crie : Sardiens à vendre, parce que les Toscans passent pour une colonie venue de Sardes en Lydie, et que Véies est une ville de la Toscane.

XXXIV. Ce fut la dernière guerre de Romulus. Dès ce moment, il ne sut pas éviter l’écueil ordinaire à presque tous ceux que des faveurs singulières de la fortune ont élevés à une très grande puissance. Enflé de ses succès, plein d’une orgueilleuse confiance en lui-même, il perdit cette affabilité populaire qu’il avait conservée jusqu’alors, et prit les manières odieuses d’un despote. Il offensa d’abord les citoyens par le faste de ses habits. Vêtu d’une tunique de pourpre, et par-dessus d’une robe brodée de même, il donnait ses audiences assis sur un siège renversé, et entouré de ces jeunes gens qu’on appelait Célères, à cause de leur promptitude à exécuter ses ordres. Il ne paraissait en public que précédé de licteurs armés de baguettes avec lesquelles ils écartaient la foule, et ceints de courroies dont ils liaient sur-le-champ ceux qu’il ordonnait d’arrêter. Les Latins disaient anciennement ligare pour