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la moitié de son bien soit dévolue à la femme, l’autre moitié consacrée à Cérès, et qu’il soit lui-même dévoué aux dieux infernaux. Une autre singularité de ses lois, c’est que, n’ayant porté aucune peine contre le parricide, il donne ce nom à toute espèce d’homicide : il regardait apparemment ce dernier crime comme le plus horrible de tous, et le parricide comme impossible. Pendant plusieurs siècles, l’expérience justifia cette opinion de Romulus ; en effet, six cents ans s’écoulèrent sans qu’on eût vu se commettre à Rome un seul forfait de ce genre. Lucius Hostius, qui vivait après les guerres d’Annibal, fut le premier qui en donna l’exemple. Mais c’en est assez sur cette matière.

XXX. Il y avait cinq ans que Tatius régnait, lorsque quelques-uns de ses parents et de ses amis, ayant rencontré des ambassadeurs qui allaient de Laurente à Rome, voulurent leur enlever de force tout ce qu’ils avaient ; et comme ceux-ci se mirent en état de défense, ils furent massacrés. Romulus voulait qu’un crime si atroce fût puni sur-le-champ ; mais Tatius traînait l’affaire en longueur, et cherchait à gagner du temps. C’est la seule occasion où le public les ait vus en différend ; jusque-là ils s’étaient conduits avec la plus grande modération, et avaient agi de concert dans toutes les affaires.