Page:Plutarque - Vies, traduction Ricard, 1829, tome 1.djvu/204

Cette page n’a pas encore été corrigée

inconnus, du moins devez-vous poser les armes par égard pour nous, qui vous avons unis par les titres de beaux-pères, d’aïeux et d’alliés, avec ceux que vous traitez en ennemis : mais si c’est pour nous que vous combattez, emmenez-nous avec vos gendres et vos petits-fils ; rendez-nous nos pires et nos proches, sans nous priver de nos maris et de nos enfants. Nous vous en conjurons, épargnez-nous un second esclavage. »

XXV. Ce discours d’Hersilie, soutenu par les prières des autres, amena une suspension d’armes, et les généraux s’abouchèrent. Cependant les femmes mènent leurs maris et leurs enfants à leurs pères et à leurs frères ; elles apportent des provisions à ceux qui en manquent, font transporter chez elles les blessés, les pansent avec soin, leur font voir qu’elles sont maîtresses dans leurs maisons ; que leurs maris, pleins de respect pour elles, les traitent avec toutes sortes d’égards et de bienveillance. D’après cela, le traité fut bientôt conclu, aux conditions suivantes : Que les femmes qui voudraient rester avec leurs maris ne seraient, comme nous l’avons déjà dit, assujetties à d’autre travail ni à d’autre service que de filer de la laine ; que les Romains et les Sabins habiteraient la ville en commun ; qu’elle serait toujours