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du corps de l’armée ; son cheval tomba dans le bourbier et s’y enfonça. Curtius fit tout son possible pour l’en retirer ; mais voyant ses efforts inutiles, il y laissa son cheval et se sauva. L’endroit s’appelle encore aujourd’hui, de son nom, le lac Curtius. Les Sabins, ayant évité ce danger, engagèrent le combat, qui fut sanglant et longtemps douteux ; il périt beaucoup de monde dans les deux partis, entre autres Hostilius, mari d’Hersilie, et, à ce qu’on croit, aïeul de Tullus Hostilius, qui fut roi de Rome après Numa.

XXIII. Il y eut en peu de jours plusieurs combats ; mais le dernier fut le plus mémorable de tous. Romulus, blessé à la tête d’un coup de pierre qui manqua de le renverser, et hors d’état de tenir tête à l’ennemi, quitta le champ de bataille. Il se fut à peine retiré, que les Romains plièrent, et furent repoussés jusqu’au mont Palatin. Romulus, ayant pansé sa blessure, voulait reprendre ses armes pour arrêter les fuyards, et leur criait de toute sa force de tenir ferme et de combattre ; mais voyant que la fuite était générale, et que personne ne sait faire face à l’ennemi, il lève les mains au ciel, et conjure Jupiter d’arrêter ses troupes, et de sauver les Romains sur le penchant de leur ruine. Il avait à peine fini sa prière, qu’un