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avec son bouclier : tous les soldats suivent son exemple ; et dans un instant Tarpéia est accablée sous le poids de l’or et des boucliers qui pleuvait sur elle de toutes parts. Sulpicius Galba, cité par Juba, écrit que Tarpéius lui-même fut condamné à mort par Romulus, comme coupable de trahison. Mais de tous les historiens qui ont parlé 120 de Tarpéia, les moins dignes de foi sont ceux qui disent, comme Antigonus (18), qu’elle était fille de Tatius, général des Sabins ; qu’obligée malgré elle de vivre avec Romulus, elle livra la forteresse à son père, qui la punit de sa trahison. Pour le poéte Simulus, il faut croire qu’il s’est oublié (19) lorsqu’il a dit que ce ne fut pas aux Sabins qu’elle livra la forteresse, mais aux Gaulois, dont le roi lui avait inspiré une passion violente. Voici ses vers :

Près de là paraissait cette Tarpéia, Qui du fier Capitole habitait la colline, Et de l’antique Rome attira la ruine. Ivre du fol espoir d’épouser un Gaulois, Du sang, de la nature elle oublia les lois, Livrant à l’ennemi, dans son fatal délire, Rome, dont tant de rois reconnaissaient l’empire.

Et plus bas, en parlant de sa mort :

Aux bords de l’Eridan, les Gaulois belliqueux N’ont pas sur son tombeau consacré leurs cheveux ; Sous d’épais boucliers, dans Rome ensevelie (20), Et payant chèrement sa coupable folie, L’or qu’elle désirait ne para que sa mort.