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défendue par la forteresse où est aujourd’hui le Capitole, et dont la garnison était commandée par Tarpéius, et non par sa fille Tarpéia, comme le prétendent quelques auteurs, qui font faire en cela une grande imprudence à Romulus. Cette fille ayant eu le plus grand désir des bracelets d’or que les Sabins portaient, offrit de leur livrer le fort, et demanda, pour prix de sa trahison, ce que les Sabins portaient à leur bras gauche. Tatius le lui ayant promis, elle ouvrit la nuit une des portes de la citadelle, et y fit entrer les Sabins. Antigonus n’est pas le seul qui ait dit qu’il aimait ceux qui trahissaient, mais non pas ceux qui avaient trahi ; non plus qu’Auguste, lorsqu’il dit, à l’occasion du Thrace Rhymitalcès, qu’il aimait la trahison, et qu’il haïssait le traître. Cette disposition est commune à tous ceux qui se servent des méchants ; comme on fait quelquefois usage du fiel et du venin de certains animaux, de même on emploie les traîtres quand on a besoin d’eux ; mais après en avoir obtenu ce qu’on voulait, on déteste leur perfidie. Tatius, plein de ce même sentiment envers Tarpéia, ordonne aux Sabins, pour remplir les conditions du traité, de ne pas lui épargner ce qu’ils portaient au bras gauche. Lui-même le premier ayant détaché son bracelet, il le lui jeta à la tête