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manière 118 qui fût agréable à Jupiter, et qui donnât à son peuple un spectacle intéressant, fit couper un grand chêne qui se trouvait dans son camp, le tailla en forme de trophée, et y ajusta les armes d’Acron, chacune dans son ordre. Lui-même, vêtu de pourpre, et portant sur ses longs cheveux une couronne de laurier, il chargea le trophée sur son épaule droite, et marcha à la tête de son armée, qui chantait des airs de victoire. Il fut reçu à Rome avec les plus vifs témoignages d’admiration et de joie. Cette pompe fut l’origine et le modèle de tous les triomphes qui suivirent : on appela ce trophée l’offrande de Jupiter Férétrien, du mot ferire, qui, chez les Romains, veut dire frapper, parce que Romulus avait demandé à Jupiter de frapper Acron et de le tuer. Varron dit que ces dépouilles sont appelées opimes, du mot ops, qui signifie richesse : mais il est plus vraisemblable que c’est du mot opus, action, car ces dépouilles opimes ne peuvent être consacrées que par un général d’armée qui a tué de sa propre main le général ennemi, ce qui n’est encore arrivé qu’à trois généraux romains : d’abord à Romulus, après avoir tué Acron, roi des Céniniens ; ensuite à Cornélius Cossus, qui avait mis à mort Tolumnius, roi des Toscans ; enfin à Claudius Marcellus, pour avoir