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XIX. Mais Acron, roi des Céniniens (16), homme d’un grand courage, et très expérimenté dans la guerre, qui depuis longtemps avait suspecté les premières entreprises de Romulus, jugea, par l’enlèvement des Sabines, que c’était un voisin redoutable, et qu’on ne pourrait plus réduire si on ne se hâtait de le réprimer. Il leva le premier l’étendard de la guerre, et, se mettant à la tête d’une nombreuse armée, il marcha contre Romulus, qui, de son côté, sortit à sa rencontre. Quand les deux rois furent en présence, ils se mesurèrent des yeux, et se défièrent à un combat singulier pendant lequel les deux armées resteraient immobiles. Romulus fit vœu, s’il remportait la victoire, de consacrer à Jupiter les armes d’Acron. Il le vainquit, le tua de sa main, mit son armée en déroute, et se rendit maître de sa ville capitale. Il ne fit d’autre mal aux habitants qu’il y trouva, que de les obliger de démolir leurs murailles, et de le suivre à Rome, où ils jouiraient des mêmes droits que ses citoyens. Rien ne contribua davantage à l’agrandissement de Rome que cette incorporation des peuples vaincus.

XX. Romulus, pour s’acquitter de son vœu d’une