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de voir prospérer la fortune d’Athènes, Ne livre pas ton cœur à de cuisantes peines Sur les flots inconstants, tel qu’un vaisseau léger, Malgré les vents cruels tu sauras surnager. Longtemps après, dit-on, la sibylle rendit le même oracle à la ville d’Athènes Comme un liège jamais ne plonge sous les eaux, On te verra toujours surnager sur les flots.

XXV. Afin de peupler sa ville, il appela les étrangers à tous les droits des citoyens ; et la proclamation qui se fait encore aujourd’hui en ces termes : « Peuples, venez tous ici, » est, à ce qu’on prétend, la même que celle de Thésée lorsqu’il voulut faire d’Athènes le lieu d’assemblée de tous les peuples de la Grèce. Mais comme cette multitude qui accourait de toutes parts, et qu’il admettait indistinctement, eût infailliblement porté le désordre et la confusion dans sa république, il la divisa en trois classes : il comprit les nobles dans la première, les laboureurs et les artisans dans les deux autres. Il confia à la noblesse tout ce qui regardait le culte des dieux, leur donna toutes les magistratures, les chargea d’interpréter les lois et de régler tout ce qui avait rapport à la religion. Cette division mit à peu près l’égalité entre les trois classes. Les nobles l’emportaient par les honneurs, les laboureurs par l’utilité de leur profession, et les artisans par leur nombre.