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avec Zeus : les poètes tragiques ont prévalu, et, du haut de leur théâtre, ils ont fait pleuvoir sur lui l’opprobre et l’infamie ; ils l’ont fait passer pour un homme dur et violent, quoiqu’on dise communément que Minos est le roi, le législateur des enfers et que Rhadamanthe n’est que le juge chargé d’exécuter les lois que Minos prescrit.

XVII. Lorsque le temps de payer le troisième tribut arriva, et que les pères qui avaient des enfants encore jeunes furent obligés de les faire tirer au sort, Égée se vit de nouveau en butte aux murmures et aux plaintes des Athéniens. Il était seul, disaient-ils, la cause de tout le mal, et seul il n’avait aucune part à la punition ; il faisait passer sa couronne à un étranger, à un bâtard, et les voyait avec indifférence privés de leurs enfants légitimes. Thésée, touché de ces plaintes, et trouvant juste de partager la fortune des autres citoyens, s’offrit volontairement pour aller en Crète, sans tirer au sort. Les Athéniens admirèrent sa grandeur d’âme, et cette popularité leur inspira la plus vive affection pour lui. Égée, au contraire, employa les prières et les instances les plus fortes pour l’en détourner ; mais le voyant inébranlable et inflexible à tout, il désigna les autres enfants par la voie du sort. Cependant, s’il faut en croire Hellanicos,