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ceux qui l’avaient vu et entendu, qui avaient été les témoins de ses exploits. On voyait alors sensiblement en lui ces vives impressions que Thémistocle éprouva plusieurs siècles après, et qui lui faisaient dire que les trophées de Miltiade l’empêchaient de dormir. De même Thésée, admirant le courage d’Héraclès, rêvait la nuit aux exploits de ce héros ; pendant le jour, il se sentait piqué d’une noble émulation, et brûlait du désir de les imiter.

VII. Il en avait un nouveau motif dans sa parenté avec lui ; ils étaient fils de deux cousines germaines : Éthra était fille de Pitthée ; Alcmène avait pour mère Lysidice, sœur de Pitthée, née comme lui de Pélops et d’Hippodamie. C’eût été donc pour lui un déshonneur insupportable si, pendant qu’Héraclès cherchait partout les brigands pour en purger la terre et les mers, lui au contraire il eût évité les combats qui se présentaient ; s’il eût fait honte, par cette fuite maritime, au dieu que l’opinion publique lui donnait pour père ; et si, au lieu de faire reconnaître tout de suite par de grands exploits la noblesse de son origine, il n’eût porté à son véritable père d’autres signes de sa naissance que des souliers, et une épée qui n’aurait pas encore été rougie de sang. Plein de ces généreux sentiments, il part avec la ferme résolution de n’