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que toutes ces vertus n’étaient pas faites pour ceux qui avaient la force en main. Héraclès, dans ses courses, avait exterminé une partie de ces brigands ; les autres, saisis d’épouvante à son approche, s’enfuyaient devant lui et n’osaient paraître pendant qu’il était près d’eux. Ce héros, les voyant abattus, négligea de les poursuivre. Lorsqu’il eut eu le malheur de tuer Iphitos, il se retira en Lydie, où il fut longtemps esclave d’Omphale ; servitude qu’il s’était imposée lui-même en punition de ce meurtre. Tant qu’elle dura, la Lydie fut dans une pleine sûreté et jouit de la paix la plus profonde ; mais dans les contrées de la Grèce on vit les brigandages renaître, et les scélérats se répandre de tous côtés ; personne ne pouvait plus les réprimer ni s’opposer à leurs violences. Les chemins de terre du Péloponnèse à Athènes étaient donc très dangereux ; et Pitthée, pour persuader Thésée de faire le voyage par mer, lui nommait chacun de ces brigands, et lui racontait les traitements cruels qu’ils faisaient souffrir aux étrangers. Mais depuis longtemps la gloire et la vertu d’Héraclès avaient secrètement enflammé le cœur de Thésée ; plein d’estime pour ce héros, il écoutait avec le plus vif intérêt ceux qui lui en parlaient, qui le lui dépeignaient, surtout