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l’élection de Numa, fit un voyage en Italie, lia commerce avec ce prince et l’aida à régler son royaume. De là le mélange des nombreuses institutions lacédémoniennes avec celles de Rome, sous l’influence de Pythagore. Toutefois, Numa était Sabin d’origine, et les Sabins prétendent descendre d’une colonie de Lacédémoniens. D’autre part il est difficile de faire le calcul exact des temps, surtout si l’on veut les mettre en concordance avec les rôles des Olympioniques, dont la rédaction, entreprise, dit-on, assez tard par Hippias d’Élis, ne s’appuie sur aucun document qui mérite confiance. Nous allons cependant raconter ce que nous avons recueilli sur Numa, qui soit digne de mémoire, en commençant du point où il convient.

2. Il y avait trente-sept ans que Rome était bâtie et que Romulus régnait, lorsque le septième jour du mois, jour qu’on appelle maintenant Nones caprotines, Romulus alla offrir hors de la ville un sacrifice public, près du marais de la Chèvre : là se trouvait le sénat et presque tout le peuple. Tout à coup il se fait dans l’air un mouvement extraordinaire : une nuée épaisse et ténébreuse fond sur la terre, accompagnée de vent et d’ouragan : la foule épouvantée prend la fuite et se disperse : Romulus disparaît et l’on ne retrouve pas même son cadavre. De violents soupçons s’élèvent contre les patriciens : le bruit courut, à leur sujet, parmi le peuple, que las depuis longtemps d’obéir à un roi, et désireux de concentrer en eux toute l’autorité, ils l’avaient mis à mort. Il est vrai que Romulus semblait les traiter avec trop de dureté et de despotisme. Mais ils apaisèrent ces bruits en décernant à Romulus les honneurs divins, et en affirmant qu’il n’était point mort, mais entré dans une vie meilleure. Proculus, homme considéré, jura qu’il avait vu