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VIE D’HOMÈRE.

seillé de rendre Chryséis, Agamemnon irrité le menaça[1] de lui enlever Briséis, que les Grecs avaient donnée au jeune héros. Achille pria sa mère Thétis de demander à Jupiter que les Grecs fussent vaincus : ce qui arriva. Patrocle, à la persuasion de Nestor, pria Achille de lui prêter pour quelques instants son armure, afin de repousser les Troyens qui étaient auprès des vaisseaux. Patrocle s’étant ainsi présenté au combat, s’y distingua par sa vaillance, et fut tué peu de temps après. Achille, affligé au dernier point de cet événement, se réconcilia avec Agamemnon, et après avoir reçu une armure fabriquée par Vulcain, il fit un grand carnage des Troyens, et tua enfin Hector, ce qui est la fin de l’Iliade.

8. Tel est l’ordre des événements, mais Homère ne fait commencer son poëme qu’à la neuvième année, parce qu’avant la colère d’Achille la guerre s’était un peu relâchée, et ne présentait point d’événements remarquables. En effet, tant qu’Achille combattit pour les Grecs,

Les Troyens, sans franchir les portes de leur ville,
Tremblaient devant sa lance, en désastres fertile ;[2]

mais lorsqu’il se fut retiré, ils reprirent courage et se présentèrent au combat. Les forces étant à peu près égales de part et d’autre, il y eut des traits de bravoure très-fréquents et très-variés.


  1. Il y eut plus que menace, dit Wyttembach, il y eut effet. Ce qui laisse croire qu’il y a ici une lacune ; et elle serait à mettre sur le compte du copiste plutôt que sur celui de l’auteur même de cette petite biographie.
  2. Iliade ch. V, v. 789.