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VIE D’HOMÈRE.

de l’inscription en vers élégiaques qu’on a gravée sur sa statue, et que voici :

Pour immortaliser, fils de Mélès, Homère,
Colophon, ta patrie, avec la Grèce entière,
Un jour tu produiras, inspiré par les dieux,
Deux filles au front noble, aux attraits radieux,
Dont la gloire à jamais ne sera surpassée :
Car l’une est l’Iliade, et l’autre, l’Odyssée.

Nous croyons devoir rapporter aussi l’épigramme d’Antipater, laquelle ne manque pas d’agrément. Elle est ainsi conçue :

Smyrne, selon les uns, selon d’autres, Ios,
Selon d’autres encor, Salamine ou Chios,
Ou Colophon, ou bien l’altière Thessalie,
Divers séjours, enfin, te furent pour patrie,
Grand Homère, assignés. N’importe : quant à moi,
L’oracle de Phébus est ma suprême loi :
« Tu naquis dans l’Olympe, et non pas sur la terre,
« Et, fière d’un tel fils, Calliope est ta mère. »

5. Il vivait, suivant les uns, à l’époque du siége de Troie, et il en fut même spectateur. Il naquit, suivant d’autres, cent ans après cette guerre ; d’autres ne le placent que cent cinquante ans plus tard. Il a écrit deux poëmes, l’Iliade et l’Odyssée. Quelques-uns y ajoutent la Batrachomyomachie et le Margitès, qu’il écrivit, à ce qu’ils disent, pour s’exercer et se délasser : mais ils se trompent.

6. Certains auteurs disent que, suivant Homère, la cause de la guerre de Troie fut le jugement que rendit Pâris[1], au sujet de la beauté, entre les trois déesses Junon, Minerve et Vénus ; et ils citent, à l’appui de leur opinion, ces vers du poëte :

À Minerve, à Junon, qui briguent son suffrage,
Il préfère Vénus, et Vénus lui ménage,

  1. Le texte donne « Alexandre ». C’est le plus souvent en grec le nom de ce fils de Priam. En français, au contraire, « Pâris » a prévalu.