Page:Plutarque - Œuvres complètes de Plutarque - Œuvres morales et œuvres diverses, tome 4, 1870.djvu/384

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
374
de la création de l’âme

nous l’avons déjà fait observer : « L’âme ne saurait avoir été engendrée », puis : « L’âme a été engendrée ». Mais quand il parle du monde, il dit toujours : « Le monde a été créé et devait l’être ». Jamais il ne dit : « Le monde est incréé, le monde est immortel. »

Est-il nécessaire de reproduire ce qu’il dit dans son Timée ? L’ouvrage tout entier, depuis le commencement jusqu’à la fin, roule sur la génération du monde. Ouvrons ses autres traités. Dans l’Atlantique Timée, faisant sa prière, implore « le Dieu qui exista de toute éternité par ses actes, et qui existe aujourd’hui par la raison[1]. » Dans le Politique, l’hôte de Parménide s’exprime ainsi : « Le monde, qui est la composition de Dieu, renferme beaucoup de bien. Il peut s’y trouver des imperfections et du mal, mais cet alliage n’est qu’un reste de son état primitif de confusion et de dérèglement. » Dans la République enfin, à l’endroit où il est question du nombre appelé par quelques-uns « mariage[2] », Socrate commence ainsi : « Il y a pour le Dieu engendré une révolution régulière qui est comprise dans un nombre parfait. » Par ce « Dieu engendré » Socrate ne désigne autre chose que le monde.

11[3]… La première combinaison de ce nombre est formée de 1 et de 2 ; la deuxième de 3 et de 4 ; la troisième de 5 et de 6 ; et aucune de ces trois combinaisons, ni par elle-même, ni unie aux autres, ne donne un nombre divisible par 4[4] ; la quatrième est de 7 et de 8, et, ajoutée avec les trois premières, elle donne 36[5], divisible par 4. Mais le quaternaire[6] résultant des nombres posés par Platon présente une génération plus complète : les nombres pairs y étant multipliés par des intervalles pairs, et les nombres impairs par des intervalles impairs. Ce quaternaire contient l’unité, principe commun des nombres pairs et des nombres im-

  1. Cette remarquable expression ne se trouve pas dans ce qui a été conservé de l’Atlantique.
  2. Voyez p. 377 au numéro 13, la raison de ce mot.
  3. Il y ici une lacune considérable.
  4. Ricard traduit : « Ne donne un nombre quarré. »
  5. En effet (1 + 2) + (3 + 4) + (5 + 6) + (7 + 8) = 36.
  6. On entend par « quaternaire » ou simplement le nombre quatre, ou bien un nombre divisible par quatre.