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ABRÉGÉ D’UNE COMPARAISON ENTRE ARISTOPHANE ET MÉNANDRE.

1. Motifs de la préférence que Plutarque donne à Ménandre sur Aristophane. Le style de celui-ci est bas et grossier ; l’auteur ne sait pas l’accommoder aux différents personnages qu’il met sur la scène.

2. Ménandre, au contraire, emploie toujours le style qui convient aux choses, aux circonstances et aux personnes. Le genre adopté par Ménandre lui fournissait les moyens de donner un très grand nombre de comédies. La mort l’a malheureusement interrompu.

3. Les deux genres dont se compose la poésie dramatique sont très-rarement réunis dans un même écrivain. Aristophane ne les a saisis ni l’un ni l’autre. Ménandre brille également dans les deux, à la satisfaction générale.

4. L’amour chez Ménandre est représenté avec grâce et décence. Chez Aristophane ce ne sont qu’obscénités, dont les honnêtes gens détournent les yeux.

… A parler d’une manière générale et absolue, il[1] préfère de beaucoup Ménandre ; mais, pour entrer dans le détail, il ajoute encore les réflexions que voici. Le dialogue d’Aristophane, dit-il, est insupportable ; l’auteur sacrifie tout aux effets de scène et à la trivialité. Il n’en est jamais ainsi de Ménandre. L’homme ignorant et grossier se laisse prendre à ce que dit Aristophane, l’homme bien élevé s’en révolte : je veux parler des calembours et des allusions.

  1. Ce pronom représente-t-il Plutarque, et le morceau entier se trouve-t-il ainsi être un jugement par lui porté, et recueilli par un de ses auditeurs, de telle sorte que ce grec ne soit pas de sa main ? Ou bien Plutarque lui-même a-t-il voulu reproduire l’opinion d’un critique, dont le nom s’est perdu en même temps que les premières lignes de l’opuscule ? Cette dernière hypothèse semble moins probable.