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éveillant ainsi parmi les Irlandais l’espoir d’une libération proche.

Même phénomène aux États-Unis, dans leur attitude, d’une part vis-à-vis de Cuba, d’autre part vis-à-vis des Philippines. En 1898, les États-Unis ont aidé les Cubains à se libérer du joug, réellement insupportable, des Espagnols et, aussitôt, ils ont proclamé l’île délivrée, république autonome, sous leur protectorat, Au début, l’île a été soumise à l’administration militaire des États-Unis ; mais depuis 1909, elle est devenue complètement indépendante, et des rapports très amicaux se sont établis entre elle et les États-Unis.

Au contraire, induit en erreur par le premier gouverneur américain envoyé aux Philippines après leur libération (en 1898) de la domination espagnole, le gouvernement des États-Unis n’a pu se décider à accorder aux habitants de ces îles une autonomie complète. Il les a laissées sous l’autorité des moines catholiques et a soutenu par la force le gouvernement de ces derniers. De là, un mécontentement, aboutissant à l’insurrection d’Aguinaldo. Actuellement, les États-Unis ont reconnu leur erreur. Les Philippines ont obtenu une autonomie complète ; l’œuvre de l’instruction, publique y a été largement développée. Depuis ce temps, les rapports entre la population des îles et les États-Unis sont devenus si amicaux que les Philippins ont formé une armée de volontaires de 25.000 hommes qui feront partie de l’armée américaine, et qu’Aguinaldo, ancien chef insurrectionnel, a envoyé son fils dans un camp pour faire l’instruction militaire des officiers de cette armée.

Mais ce n’est pas tout. Les rapports fédératifs créés entre l’Angleterre et ses colonies ont permis à celle-ci de réunir en fédérations puissantes les provinces isolées qui, auparavant, n’avaient et ne voulaient avoir aucun lien entre elles. C’est ainsi que s’est constituée la Fédération canadienne, groupant des éléments aussi différents que le Canada français, avec une population se trouvant au niveau des paysans français d’avant la Révolution ; le Canada central, industriel, peuplé surtout d’Écossais ; le Canada occidental, pays des steppes, avec une population mélangée comprenant des Américains, des Doukhobors russes, des Ménonites, des Suédois, des Galiciens, etc., et, enfin, le Canada du Pacifique, d’origine surtout anglaise. Et tout le monde sait au Canada que, si cette Fédération ne s’était pas formée le fractionnement du pays en morceaux et la guerre civile entre eux auraient été inévitables. La même chose est arrivée en Australie et même en Afrique du Sud, malgré la guerre absurde et barbare contre les Boers.

Chez nous, en Russie, nous avons les exemples de la Sibérie, de la Finlande et de la Géorgie.

Lors de mon séjour en Sibérie, de 1862 à 1867, j’ai eu l’occasion de voir de près les conséquences du gouvernement de la Sibérie en partant du centre de Pétersbourg. L’idée de Speransky, lorsqu’il élaborait son projet d’organisation administrative de la Sibérie, était de donner à chaque province et à chaque région administrée par un gouverneur général, des Conseils comprenant des représentants de toutes les administrations : justice, finances instruction publique, affaires militaires, etc. Ces Conseils, devaient gérer les affaires locales et, seules, les décisions les plus importantes devaient être envoyées par le gouverneur général,