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LIVRE DEUXIÈME.
DE LA GÉNÉRATION ET DE L’ORDRE DES CHOSES QUI SONT APRÈS LE PREMIER[1].

I. L’Un est toutes choses et n’est aucune de ces choses. Le principe de toutes choses ne peut pas être toutes choses[2] ; il est toutes choses seulement en ce sens que toutes choses coexistent en lui ; mais, en lui, elles ne sont pas encore, elles seront[3]. Comment donc de l’Un, qui est simple, identique, qui ne renferme aucune diversité ni dualité, la pluralité des êtres a-t-elle pu sortir ? C’est parce qu’il n’y a rien en lui que tout peut en venir[4]. Pour que l’Être fût, il fallait que l’Un ne fût pas l’Être, qu’il fût le père de l’Être, que l’Être fût son premier-né. Comme l’Un est parfait, qu’il n’acquiert rien, qu’il n’a ni besoin, ni désir, il a surabondé pour ainsi dire, et cette surabondance a produit une nature différente[5] . Cette nature différente de l’Un s’est tournée vers lui, et par sa conversion, elle est arrivée à la plénitude [de l’Être]. Puis, elle a eu la puissance de se

  1. Pour les Remarques générales, Voy. les Éclaircissements sur ce livre à la fin du volume. Comme commentaire des idées que Plotin expose ici sous une forme beaucoup trop concise, Voyez, outre les divers passages de Plotin lui-même que nous indiquons ci-après dans les notes, les Principes de la théorie des intelligibles de Porphyre, § xxvi-xxx, dans notre tome I, p. lxviii-lxx.
  2. Pour plus de développement, Voy. Enn. III, liv. ix, n° 9 ; t. II, p. 248.
  3. Voy. Enn. III, liv. vii, § 9 ; t. II, p. 229.
  4. Voy. Enn. III, liv. ix, n° 4 ; t. II, p. 243.
  5. Voy. Enn. III, liv. viii, § 9 ; t. II, p. 230, et la note 1.