ser des objections inspirées moins par l’amour de la vérité que par le désir d’attaquer ce philosophe à tort et à travers[1] ; leur travail cependant n’a pas été inutile en ce qu’ils ont indiqué à leurs successeurs les questions les plus importantes à étudier, qu’ils leur ont donné occasion de répondre aux objections et de discuter une foule de points très-intéressants. En outre, le grand Plotin, dans ses trois livres Des Genres de l’être, a fait des recherches fort importantes sur les matières traitées dans les Catégories. Ensuite, Porphyre, à qui nous sommes redevables de tout ce que nous avons de bon, a, pour l’usage de son disciple Gédalius, composé sept livres où il a donné un commentaire très-complet des Catégories, répondu à toutes les objections, et rapporté tout ce que les Stoïciens enseignent à cet égard de conforme à la doctrine péripatéticienne[2]. Après lui, le divin Jamblique a écrit aussi sur les Catégories un long traité où la plupart du temps il suit Porphyre et le reproduit même mot pour mot dans un grand nombre de passages ; il a cependant expliqué certains points avec plus d’exactitude et de précision ; en outre, il a, comme on le fait dans les écoles, resserré la discussion des objections ; enfin, il a mis presque partout en tête de chaque chapitre la théorie métaphysique du sujet qu’il embrasse, et il a ajouté tout ce qui pouvait être de quelque utilité pour l’étude des Catégories[3]. En effet, comme Archytas le pythagoricien a le premier, dans son ouvrage Sur l’universel (περὶ τοῦ παντός)[4], établi la division en dix genres premiers, éclairci par des exemples leur nature, leur ordre relatif, leurs différences propres et leurs caractères
- ↑ Les Commentaires des Catégories composés par Alexandre d’Aphrodisie, Herminus, Maxime, Boéthus de Sidon, Lucius, Nicostrate, sont aujourd’hui perdus.
- ↑ L’ouvrage de Porphyre nous est connu seulement par les citations que Simplicius et que Boëce en font dans leurs Commentaires.
- ↑ Simplicius, par les citations qu’il fait de Jamblique, nous a conservé de nombreux fragments du Commentaire de ce philosophe. Nous avons traduit un de ces fragments dans le tome II, p. 637, note 2.
- ↑ Ce livre est cité aussi sous le titre de καθόλου λόγοι. Il ne faut pas le confondre avec un opuscule apocryphe intitulé : Ἁρχύτου καθολιϰοὶ λὸγοι, et publié par Orelli (Opuscula Græcorum veterum sententiosa et moralia, Lips., 1821 ; t. II, p. 273). Thémistius a contesté l’authenticité de l’ouvrage d’Archytas, sans doute pour conserver à Aristote la gloire de l’invention des Catégories. Cependant, l’idée de diviser toutes choses en dix genres semble tout à fait arbitraire dans le système d’Aristote (comme le remarque fort bien Plotin), tandis qu’elle s’explique naturellement dans la doctrine des Pythagoriciens par l’importance qu’ils attachaient à la décade, puisque, selon eux, la décade comprenait toutes choses (Voy. ci-dessus, p. 629). Simplicius cite assez souvent Archytas.