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LIVRE SEPTIÈME.

-mêmes à ce qu’il y a de meilleur en nous. Or cette chose pleine de proportion et de beauté, cette forme composée [des éléments dont nous venons de parler] n’est autre qu’une vie pleine d’éclat, d’intelligence et de beauté.

XXXI. Puisque toutes choses ont été embellies par Celui qui est au-dessus d’elles et qu’elles reçoivent de lui leur lumière ; que l’intelligence tient de lui l’éclat de son acte intellectuel, éclat par lequel elle illumine la Nature ; que l’Âme tient également de lui sa puissance vitale, parce qu’elle trouve en lui une source abondante de vie ; il en résulte que l’Intelligence s’est élevée à lui et lui est restée attachée, satisfaite de jouir de sa présence, que l’âme s’est aussi tournée vers lui autant qu’elle le pouvait, que, dès qu’elle l’a connu et qu’elle l’a vu, elle a été remplie de joie par sa contemplation, et, qu’autant qu’elle pouvait le voir, elle a été frappée d’admiration. Elle n’a pu le voir sans être frappée, elle a senti qu’elle avait en elle quelque chose de lui ; c’est cette disposition qui l’a portée à désirer sa vue, comme l’image d’un objet aimable fait souhaiter de pouvoir le contempler lui-même. Ici-bas, les amants tâchent de ressembler à l’objet aimé, de rendre leur corps plus gracieux, de conformer leur âme à leur modèle, de rester le moins possible inférieurs pour la tempérance et les autres vertus à celui qu’ils aiment, sous peine d’être méprisés par lui, et ils parviennent ainsi à jouir de son intimité[1] ; de même, l’âme aime le

    nous ne pouvons saisir le bien sous une seule idée, saisissons-le sous trois idées, celles de la beauté, de la proportion, de la vérité ; et disons que ces trois choses réunies sont la véritable cause de l’excellence de ce mélange, et que cette cause étant bonne, c’est par elle que le mélange est bon. » (Platon, Philèbe, trad. de M. Cousin, t. II, p. 461.)

  1. Plotin paraît faire allusion au passage suivant de Platon : « Il faut que l’amour se traite comme la philosophie et la vertu… Si l’amant est véritablement capable d’inspirer la sagesse et la vertu à ce qu’il aime, et que l’aimé ait un véritable désir de se faire instruire ; si, dis-je, toutes ces conditions se rencontrent,