bien dans les êtres d’ici-bas, parce que le bien s’y trouve allié à autre chose : car cette chose à laquelle le bien se trouve allié diffère du bien et produit ainsi le défaut de bien. (C’est pourquoi, « il est impossible que le mal soit détruit[1], » parce que les choses sont inférieures les unes aux autres relativement à la nature du Bien absolu, et que, se trouvant différentes du Bien dont elles tiennent leur existence. elles sont devenues ce qu’elles sont en s’éloignant de leur principe[2].
VI. Quant à cette objection que, contrairement à l’accord qui doit régner entre la vertu et le bonheur, la fortune maltraite les bons et favorise les méchants, la vraie réponse à faire c’est que rien de mal ne peut arriver à l’homme de bien, rien de bien à l’homme vicieux[3]. »
Pourquoi [dira-t-on] l’un est-il exposé à ce qui est contraire à la nature, tandis que l’autre obtient ce qui est conforme à la nature ? Comment peut-il y avoir en cela justice distributive ? Mais, si obtenir ce qui est conforme à la nature n’augmente pas le bonheur de l’homme vertueux, si être exposé à ce qui est contraire à la nature ne diminue en rien la méchanceté de l’homme vicieux, qu’importe qu’il en soit ainsi ou qu’il en soit autrement[4] ? Qu’importe aussi
- ↑ C’est une phrase empruntée au Théétète de Platon. Le passage entier est cité t. I, p. 427.
- ↑ Voy. le développement de cette pensée dans le tome I, p. 129.
- ↑ « Quare multa bonis viris adversa eveniunt ? Nihil accidere bono viro mali potest… Manet in statu, et, quidquid evenit, in colorem suum trahit. Est enim omnibus externis potentior. » (Sénèque, De Providentia, ii.)
- ↑ Voy. Platon, République, liv. ix. Némésius a reproduit la pensée de Plotin : « Si du bonheur, qui résulte d’un assemblage de biens,
l’Aréopagite (Voy. les Éclaircissements sur ce livre, à la fin du volume), et dans Gennade, qui reproduit presque les termes de notre auteur : άλλ´ εἰ δεῖ τάλεθὲς εἰπεῖν, οὔτε ἐστί τι ἡ ϰαϰία, άλλὰ στέρησις ἀρετῆς μόνον (De la Providence, p. 11). Enfin elle a été développée particulièrement par Proclus, dans son traité De mali existentia, chap. 1 (t. I, p. 197-213, éd. de M. Cousin).