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COMMENTAIRE DU TRAITÉ D’ARISTOTE SUR L’ÂME.

XIX. [Jamblique.] La lumière n’est pas un corps, ni, comme le croient les Péripatéticiens, la passion ou la qualité d’un corps [mais l’acte de la forme lumineuse]. (Fragment cité par Priscien de Lydie[1], Ibid., p. 277.)

  1. Voici comment, en citant Jamblique, Priscien développe cette théorie de la lumière : « Dans la vision, l’œil ne reçoit pas des images qui émaneraient des objets extérieurs, et qui, en s’introduisant dans cet organe, lui imprimeraient une espèce de forme [comme le croient les Épicuriens] ; il n’émet pas une espèce de corps par lequel il irait toucher en quelque sorte les objets sensibles [comme le pensent les Stoïciens] ; enfin, les couleurs ne produisent pas dans le diaphane une affection que celui-ci transmettrait à la vue [comme l’enseignent les Péripatéticiens]. Les formes des corps ont une puissance active par laquelle elles agissent sur ce qui est disposé à recevoir leur action, non-seulement quand il y a contact, mais encore à distance, lorsque cette distance est convenable pour que l’objet sensible agisse et que l’organe pâtisse… Telles sont les conditions communes à la vue et à l’ouïe. En outre, la vue a besoin de la lumière qui met l’organe visuel en état de voir et l’objet visible en état d’être vu : car, sans lumière, l’objet visible ne saurait agir sur l’organe visuel, ni l’organe visuel entrer en rapport avec l’objet visible… Qu’est-ce donc que le diaphane ?… Nous ne devons pas demander de quel corps simple naît le diaphane : les formes ne sont produites ni par les éléments ni par aucune espèce de corps : ce sont au contraire les corps qui participent aux formes et qui en reçoivent leurs caractères propres. C’est pourquoi les corps qui n’ont point par eux-mêmes une essence lumineuse ont besoin de la lumière pour être vus, tandis que le feu et les corps brillants n’en ont pas besoin, parce que, par leur essence, ils participent suffisamment à la forme lumineuse… Autre est la lumière qui émane d’une source lumineuse ; autre est la lumière qui est une source lumineuse, la lumière du soleil, par exemple, où celle du feu. Ici nous ne nous occupons pas de la cause dans laquelle subsiste l’essence de la lumière, mais de la lumière qui émane de cette cause et qui est l’acte du diaphane dans l’air, l’eau et les autres corps qui sont tour à tour lumineux et ténébreux. C’est pourquoi, me conformant à l’opinion de Jamblique, je crois que la lumière n’est pas un corps, ni, comme le disent les Péripatéticiens, la passion ou la qualité d’un corps… La lumière n’est pas produite par division ni par émission : elle est l’acte de la forme lumineuse. » (Comm. du Traité de Théophraste sur la Sensation, p. 215-277.) Cette théorie de la vue et de la lumière est complètement conforme à celle que Plotin expose dans l’Enn. IV, liv. V, et se rapproche de l’hypothèse des ondulations.