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JAMBLIQUE.


nent semblables à ceux de l’homme[1], autant que des choses qui ont une essence différente peuvent devenir semblables les unes aux autres.

Du Nombre des âmes.

X[2]. Ceux qui admettent que l’essence de l’âme est numériquement une, mais qui multiplient cette âme, soit, comme le fait Amélius[3], par les modes et les degrés (σχέσεις ϰαὶ ϰατατάξεις (skeseis kai katataxeis)), soit, comme le disent les Orphiques, par les souffles émanés de son essence

  1. « En général, la prédominance excessive des passions ne permet pas aux hommes de rester hommes et les entraîne vers la nature irraisonnable, bestiale et désordonnée. » (Jamblique, dans Stobée, Florilegium, tit. v, § 62. Voy. encore l’Exhortation à la philosophie, du même auteur. chap. vi, p. 96, éd. Kiessling.) On lit aussi dans Nemésius (De la Nature de l’homme, chap. ii, p. 58, trad. de M. Thibault) : « Jamblique dit qu’il y a autant d’espèces d’âmes que d’espèces d’animaux, ou, en d’autres termes, qu’il y a différentes espèces d’âmes ; et il a écrit un livre pour montrer que les âmes ne passent pas des hommes dans les animaux irraisonnables, ni de ceux-ci dans les hommes, mais qu’elles passent des animaux dans les animaux, et des hommes dans les hommes. Et il me semble qu’ici, non-seulement il se rapproche davantage de l’opinion de Platon, mais encore qu’il est plus près de la vérité.
  2. Stobée, Eclogœ physicœ, lii, § 34, p. 898.
  3. Jamblique a déjà dit plus haut (§ ix, p. 642) : à Amélius avance avec assez de légèreté dans plusieurs de ses écrits que l’Âme est une et identique numériquement. » Par degrés, Amélius entendait les diverses espèces d’âmes qu’il reconnaissait (Voy. ci-dessus. p. 629, note 2), et par modes, les diverses puissances que l’Âme communique à tous les êtres dans la mesure où ils peuvent les recevoir (idée conforme à l’hypothèse que Plotin expose et réfute dans l’Enn. VI, liv. III, § 3). Ce philosophe avait sans doute puisé cette théorie dans Numénius, dont il avait commenté la doctrine, et qui, ainsi que Jamblique l’affirme plus loin (§ xvii, p. 660-661), enseignait qu’après la mort toutes les âmes venaient se confondre dans une Âme unique. On trouve dans un fragment de Numénius une phrase qui paraît renfermer la théorie à laquelle Jamblique fait allusion : « Nous participons à l’Intelligence quand elle descend et se communique à tous les êtres qui peuvent la recevoir. Pendant que le Démiurge nous regarde et se tourne vers chacun de nous, il arrive que la vie et la force se répandent dans nos corps échauffés de ses rayons ; mais s’il se retire dans la contemplation de lui-même, tout s’éteint… Le premier Dieu [l’Intelligence], étant la semence de toute âme, répand ses germes dans toutes les choses qui participent à lui. L’autre Dieu [le Démiurge], en législateur, cultive, distribue et transporte dans chacun de nous les semences qui proviennent du premier Dieu. » (Eusèbe, Prép. évang., XI, 18.)