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JAMBLIQUE.


trois points toutes les opinions qui ont été professées sur l’âme : il embrasse ainsi la variété infinie des opinions et les classe d’une manière claire et brève. Mais je trouve que cette division à deux défauts : d’un côté, elle est confuse, parce qu’elle contient des homonymes : car il y a une grande différence entre le mouvement de translation et le mouvement de la vie, entre la connaissance des objets qui ont une figure et la connaissance de ceux qui n’en ont pas, entre la pureté de la substance de l’air et la pureté de lֺ’incorporel en soi ; d’un autre côté, elle est imparfaite, parce qu’elle est incomplète : car on ne peut embrasser avec ces trois points toutes les opinions qui ont été professées sur l’âme[1].

De l’Essence de l’âme.

II[2]. — 1o Quelques-uns ramènent la nature de l’âme aux principes des quatre éléments. Selon eux, les corps premiers sont indivisibles, plus élémentaires que les éléments eux-mêmes ; n’étant pas mélangés, étant d’ailleurs remplis uniquement de la première substance, qui est pure, ils ne sont divisibles d’aucune façon ; ils ont une infinité de figures, parmi lesquelles se trouve la figure sphéroïde ; or l’âme est composée d’atomes sphéroïdes[3].

2o D’après ce qu’enseignent certains Péripatéticiens, l’âme est la forme du corps, ou une qualité simple et incorporelle, ou une qualité substantielle et parfaite[4]. Une opinion analogue, opinion qui, bien qu’elle ne vienne pas des anciens, constitue cependant une secte particulière, est celle qui fait consister l’âme dans le concours (συνδρομὴ (sundromê)) de toutes les qualités, dans ce qu’il y a de principal en elles et qui leur est soit postérieur, soit antérieur[5].

  1. M. Barthélemy Saint-Hilaire adresse la même critique à Aristote (De l’Âme, tr. fr., p. 120, note).
  2. Stobée, Eclogœ physicœ, LII, § 28. p. 860. Toutes les définitions qui ont été données de l’âme sont ramenées ici par Jamblique à quatre points de vue : Éléments, Qualité, Quantité ou Essence mathématique (Figure, Nombre, Harmonie), Nature incorporelle. Cette division semble empruntée à Aristote (Voy. Simplicius, Commentaire sur le Traité de l’Âme, folio 2, édition d’Alde).
  3. C’était l’opinion de Démocrite. Voy. Aristote, De l’Âme, I, 2 ; p. 108 et 115 de la tr. fr.
  4. Alexandre d’Aphrodisie dit que l’âme est la perfection du corps (τελειότης (teleiotês)) et la définit « la puissance, l’entéléchie, la forme du corps qui la possède. » Voy. M. Ravaisson, Essai sur la Métaphysique d’Aristote, t. II, p. 301.
  5. Il s’agit sans doute ici de Galien, dont Proclus parle en ces termes : « Selon Galien, les facultés de l’âme dépendent du tempérament du corps : si le corps est humide, mou et sans consistance, l’âme