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AVERTISSEMENT.


Jamblique. Les Fragments de ce philosophe que nous rassemblons ici forment trois écrits étroitement liés entre eux, le Traité de l’Âme, le Commentaire du Traité d’Aristote sur l’Âme, et la Lettre à Macédonius sur le Destin.

Traité de l’Âme. — Cet écrit a été conservé presque intégralement par Stobée dans le chapitre lii de ses Eclogœ physicœ. Seule, la partie qui traite des Facultés de l’âme (§ iv-vii) a été mutilée, soit parce que Stobée en a détaché certains passages qu’il a placés ailleurs[1], soit parce qu’il en a retranché quelques-uns pour ne pas faire double emploi avec les extraits de Porphyre et d’autres auteurs. Tel qu’il est, ce traité de Jamblique n’en est pas moins ce qui nous reste de plus précieux de ce philosophe. le style a sans doute la sécheresse d’un manuel, et la concision y dégénère souvent en obscurité[2]. Mais l’aridité de la forme est rachetée par l’intérêt des théories qu’expose l’auteur, en se plaçant, selon son habitude, au point de vue métaphysique[3] ; par la clarté et la précision du plan, où toutes les questions de la Psychologie sont passées en revue dans un ordre méthodique ; par la justesse des divisions, qui embrassent d’une manière complète et sans aucune conclusion toutes les opinions des diverses sectes ; enfin, par l’intérêt des documents que ce résumé fournit à l’histoire de la philosophie et qui forment un tableau fidèle de la doctrine néoplatonicienne.

Pour traduire cet ouvrage, nous avons suivi le texte donné par Heeren, sauf quelques légères corrections. Quant aux notes que nous avons jointes à notre traduction afin d’expliquer les passages les plus obscurs, comme le travail d’Heeren était tout à fait insuffisant[4], nous l’avons refait en puisant tout aux sources mêmes. Dans ce but, nous avons consulté d’abord les autres écrits de Jamblique (Exhortation à la philosophie, Vie de Pythagore, Commentaire sur les Catégories d’Aristote, Fragments divers[5]), puis les auteurs qui l’ont cité, Proclus, Priscien de Lydie, Simplicius, Damascius, Énée de Gaza, Jean Philopon, Michel Psellus[6]. Nous avons pu ainsi déterminer avec certitude le

  1. C’est ainsi que Stobée a transporté au chapitre li de ses Eclogœ physicœ le § vii relatif à l’Intelligence, et au chapitre xxv de son Florilegium le § vi relatif à la Mémoire.
  2. Ces défauts ne sont pas particuliers à ce traité de Jamblique. Ils se rencontrent dans tous les écrits de ce philosophe, comme l’avoue Eunape, son biographe : « Ses écrits, dit-il, ne sont pas pleins de grâce et d’agrément, comme ceux de Porphyre ; ils n’en ont pas la lucidité ni la pureté, sans être pourtant obscurs ni incorrects : mais, comme Platon le dit de Xénocrate, Jamblique n’avait pas sacrifié aux Muses ; aussi, loin d’attirer et d’attacher le lecteur, il le fatigue et le repousse. » Voy. aussi Damascius, Vie d’Isidore, § 34.
  3. Jamblique a été surnommé le divin, à cause de l’habitude qu’il avait de se placer toujours au point de vue métaphysique, quelle que fût la question qu’il traitât, comme l’attestent Simplicius (Comm. sur les Catégories, préf.) et Damascius (Des Principes, p. 352, éd. Kopp).
  4. Nous avons signalé dans nos notes quelques-unes des erreurs d’Heeren.
  5. Voy. p. 627-631, 637, 640, 646, 653. Nous ne comprenons pas dans cette énumération le Traité des Mystères des Égyptiens, parce qu’il ne paraît pas appartenir à Jamblique. Nous le citons d’ailleurs p. 634, 640, 649.
  6. Voy. l’Index, p. 688. L’ouvrage de Michel Psellus que nous citons a pour titre : Questions sur toute espèce de sujets (De Omnifaria doctrina). Il a été publié par Fabricius dans sa Bibliothèque grecque (t. V, éd. originale). Les