sont point d’accord, ainsi qu’ils le sont pour le premier, sur la place qu’il faut lui assigner. M. Kirchhoff lui donne la même place que nous. M. Creuzer, dans l’édition d’Oxford et dans celle de Paris, le met à la fin du livre II de l’Ennéade IV, avec lequel il n’a cependant aucun rapport. L’unique raison qu’il allègue est le titre du chapitre X d’Eusèbe : Πλωτίνου, ἐϰ τοῦ Περὶ ἀθανασίας ψυχῆς δευτέρου, πρὸς Ἀριστοτέλην ἐντελέχειαν τὴν ψυχὴν φησάντα εἶναι (Plôtinou ek toû Peri athanasias psuchês deuterou, pros Aristotelên entelecheian tên psuchên phêsanta eînai), que nous interprétons ainsi : tiré de Plotin, livre second [dans l’ordre chronologique], De l’Immortalité de l’âme, contre Aristote qui enseigne que l’âme est une entéléchie. M. Creuzer a interprété au contraire : livre second du traité De l’Immortalité de l’âme ; or, comme le traité De l’Immortalité de l’âme ne forme qu’un livre, il s’est trouvé fort embarrassé. Il dit à ce sujet (t. III, p. 202) : « Quum neque extet secundus Plotini Liber De Immortalitate animœ, merito hæc res mirationi fuit et Fr. Vigerio in Notis in Eusebium. p. 77, et J. A. Fabricio in Annotationibus in Porphyrium De Vita Plotini, p. 144, lit. u. » Voici maintenant comment il essaie de résoudre la difficulté : « Primum quæritur utrum re vera Eusebius scripserit περὶ ἀθανασίας (peri athanasias) vel potius περὶ οὐσίας (peri ousias). Sed potuit etiam hunc librum περὶ ἀθανασίας (peri athanasias) inscribere vel Eustochius vel Eusebius, quia omnes hi libri hujus Enneadis, certe plurimi, et ipse secundus, ad quæstionem De Immortalitate animœ pertinent. » C’est en se fondant sur ces raisons que M. Creuzer a placé le morceau sur l’entéléchie à la fin du livre II de l’Ennéade IV.
M. Creuzer nous paraît s’être ici trompé sur tous les points :
1o Le livre De l’Immortalité de l’âme est le second dans l’ordre chronologique. Or Eustochius, le premier éditeur de Plotin, a dû ranger les livres de ce philosophe dans l’ordre chronologique, comme M. Kirchhoff l’a fait dans son édition, puisque c’est Porphyre seul qui a établi la division par Ennéades, comme il le dit lui-même (t. I, p. 28). Donc, pour expliquer l’expression de livre second, il suffit de supposer qu’Eusèbe s’est servi de l’édition d’Eustochius.
2o Par le fond et par la forme, le morceau sur l’entéléchie répond parfaitement aux indications données par Plotin dans le résumé que nous avons cité plus haut. Il doit donc prendre place immédiatement après le morceau sur l’harmonie, auquel il se lie parfaitement.
3o Notre morceau se lie également bien au § 9 qui le suit. En effet, les dernières lignes renferment un résumé des § 1-8 : « Quelle est donc la nature de l’âme si elle n’est ni un corps, ni la manière d’être d’un corps, πάθος σώματος (pathos sômatos) [expression qui rappelle celle de πάθημα σώματος (pathêma sômatos), employée au sujet de l’harmonie] ? » Ensuite, on y trouve l’indication de la doctrine que Plotin développe