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QUATRIÈME ENNÉADE, LIVRE VII.


core. Nous avons précédemment distingué la nature sensible de la nature intelligible et placé l’âme dans le monde intelligible. Maintenant, admettant que l’âme fait partie du monde intelligible, cherchons par une autre voie ce qui convient à sa nature. »

En lisant avec attention cette phrase, qui n’a été comprise ni par Ficin ni par Creuzer, il est facile de reconnaître que Plotin résume d’abord un écrit qu’il a déjà composé, puis indique le sujet qu’il va traiter, comme le marque l’opposition des mots précédemment, maintenant. Or, le résumé que Plotin fait ici s’applique parfaitement au livre VII, tel qu’il est dans notre traduction[1] : car Plotin dit qu’il a démontré successivement que l’âme n’est pas un corps (§ 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, p. 436-459), ni une harmonie (§ 8, p. 460-463, ni une entéléchie (§ 8, C, p. 463-463), que c’est une essence intelligible et une nature divine (§ 9, 10, 11, 12, 13, 14). Il en résulte que nous connaissons, par les indications si précises de notre auteur lui-même, le contenu et le plan du livre VII.

Passons maintenant à l’examen des morceaux complémentaires qu’Eusèbe nous a conservés dans sa Préparation évangélique.

Le premier, que nous avons désigné dans le § 8 par la lettre B (p. 452-463), est extrait du chapitre XXII du livre XV d’Eusèbe, où il fait suite aux § 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8 A de notre auteur[2]. Ce chapitre XXII porte pour titre dans Eusèbe : Πρὸς τοῦς Στοῖϰοὺς, ὅτι οὐ δύναται σωματιϰὴ εἶναι ψυχὴ, ἀπὸ τοῦ Περὶ ψυχῆς Πλωτίνου (Pros toûs Stoîkous, hoti ou dunatai sômatikê eînai psuchê, apo toû Peri psuchês Plôtinou)[3] ; à la fin de sa citation, Eusèbe ajoute : ταῦτα μὲν ἀπὸ τοῦ Πλωτίνου πρὸς τὴν τῶν Στοῖϰῶν περὶ ψυχῆς δόξαν, σωματιϰὴν αὐτὴν φασϰόντων εἶναι (taûta men apo toû Plôtinou pros tên tôn Stoîkôn peri psuchês doxan, sômatikên autên phaskontôn eînai)[4].

Quant au second morceau, qui est tiré du chapitre X du livre XV d’Eusèbe et que nous avons désigné par la lettre C (§ 8, p. 463-466), comme il ne se trouve dans aucun manuscrit de Plotin, les éditeurs ne

  1. Notre traduction est entièrement conforme au texte de M. Kirchhoff, qui le premier a compris et a suivi dans l’arrangement du livre VII les indications données par Plotin au début du livre II, ainsi qu’il le marque dans sa préface (t. I, p. VI) par ces mots : « Confer quæ Ipse infra de libri nostri argumento prodit Plotinus, p. 361, A. »
  2. Creuzer nous apprend que ce morceau se trouve aussi dans quelques manuscrits, mais il n’indique pas lesquels ; il se borne à dire (t. III, p. 253) : « In Plotini Enneadum codicibus aliquot hæc integra leguntur. Ut ut est, nos ex Eusebio et libris nostris hæc ipsa loco interponenda esse duximus. »
  3. Il y a dans ce titre omission du mot ἀθανασίας (athanasias), ce qui tient probablement à ce qu’Eusèbe avait déjà au chapitre X cité le titre complet du livre de Plotin.
  4. On voit qu’Eusèbe a reconnu, comme nous l’avons fait nous-même, que Plotin s’est proposé pour but principal de réfuter la doctrine des Stoïciens sur l’âme.