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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.


de la lumière divine[1]. Les obstacles qui l’empêchaient de recevoir l’influence des substances séparées auront disparu ; entre l’objet connu et le sujet connaissant, il n’y aura plus d’intermédiaire[2] ?

Son regard ne se dirigera plus vers les objets inférieurs auxquels elle était réduite ici-bas à demander la lumière et le perfectionnement. Désormais, elle n’a plus rien à recevoir d’eux : soumise à l’action des substances supérieures, elle se développera sans contrainte. Par la contemplation de sa propre essence, elle se connaîtra directement et immédiatement, tandis que, sur la terre, elle n’avait d’elle-même qu’une connaissance médiate et indirecte. C’est aussi par cette contemplation qu’elle connaît les autres substances séparées, à cause de la ressemblance qui existe entre elle et ces substances[3]. Mais, occupant parmi elles le dernier rang, elle ne connaîtra parfaitement que celles qui sont ses égales, c’est-à-dire les autres âmes séparées ; quant à celles qui occupent les degrés supérieurs de la hiérarchie, elle n’en aura qu’une connaissance imparfaite.

Pour ce qui est des objets naturels, elle les connaîtra dans leurs genres, mais elle ne s’en formera des notions particulières qu’autant qu’elle y aura été prédisposée par une cause spéciale[4].

En parlant de la science acquise par l’influence qu’exercent sur l’âme séparée les autres substances séparées, il observe quelques idées individuelles de l’âme séparée sont inférieures en clarté et en précision, même à celles que nous nous formons ici-bas à l’aide des sens.

Cette connaissance un peu vague et un peu confuse ne s’étend pas à l’avenir[5].

Ainsi la science de l’âme séparée comprend :

1o Les idées qu’elle avait acquises pendant la durée de son union avec le corps ;

  1. « Distautia localis nullo modo impedit animæ separatæ cognitionem : potentiæ enim sensitivæ in anima separata non manent, neque cognoscit abstrahendo a sensibilibus, sed per influxum specierum ex divine lumine. » (Summa, pars I, q. 89, art. 7.)
  2. Non dubium est quin, per motus corporeos et occupationem sensuum, anima impediatur a receptione influxus substantiarum separatarum ; unde dormientibus et alienatis a sensibus quædam revelationes fiunt, quæ non accidunt sensu utentibus. Quando ergo anima erit a corpore totaliter separata, plenius percipere poterit influentiam a superioribus substantiis, quantum ad hoc quod per hujusmodi influxum intelligere poterit absque phantasmate quod modo non potest. » (Quœst. quodl., de anima, art. 15.)
  3. Voy. Quodl. quœst., de anima, art. 17.
  4. Voy. Summa, pars 1, q. 89, art. 2.
  5. Voy. Quodl. quœst., de anima, art. 15, 18.