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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.


6. L’âme pendant la vie terrestre. Purification.

Placée sur les confins du monde intelligible et du monde sensible, l’âme a pour destinée de faire passer quelque chose du premier dans le second, en développant ses puissances et en assistant ce qui est au-dessous d’elle. C’est donc pour remplir une mission divine qu’elle descend dans un corps. Si elle fuit promptement d’ici-bas, elle n’a pas à regretter d’avoir manifesté ses facultés, et d’avoir, par l’expérience des choses qu’elle a vues et souffertes sur la terre, appris à sentir combien on est heureux d’habiter là-haut (t. II, p. 488, 491).

1o Purification. — L’âme doit donc ici-bas faire tous ses efforts pour remonter au monde intelligible dont elle est descendue. Afin d’atteindre ce but, il faut qu’elle s’applique à se séparer du corps, non en quittant violemment cette vie (car elle passerait alors dans une autre toute semblable), mais en se purifiant et en se tournant vers l’Intelligence divine, dont elle n’est jamais complètement détachée (t. I, p. 57, 140).

Cette purification et cette conversion ne peuvent s’opérer que graduellement. Dans l’enfance, absorbés que nous sommes par le développement du corps, nous n’exerçons guère que les fonctions de la vie animale, et le principe supérieur nous illumine rarement d’en haut (t. I, p. 47 ; t. II, p. 98). Mais, quand la formation de l’organisme ne réclame plus toute notre activité, nous pouvons appliquer nos forces au développement des facultés supérieures. S’il est bien dirigé, nous nous efforcerons de devenir semblables à Dieu en nous élevant successivement de la vie végétative à la vie sensitive, de la vie sensitive à la vie rationnelle, de la vie rationnelle à la vie intellectuelle (t. II, p. 94). Les vertus politiques, les vertus purificatives, les vertus de l’âme purifiée et les vertus exemplaires, tels sont les divers degrés qui conduisent au terme suprême (t. I, p. 52-61). L’amour, la musique et la dialectique, tels sont les moyens qui nous aident à fuir d’ici-bas et à retourner dans la région qu’habite notre Père (t. I, p. 63-66, 111).

2o Métensomatose. — Une fois descendue dans le corps, l’âme peut s’y complaire, au lieu de chercher à s’en séparer ; elle peut, oubliant sa patrie intelligible, se donner au monde inférieur qu’elle est venue habiter. C’est là le mal véritable. Il a son origine dans la partie irraisonnable de l’âme qui nous trouble par les passions, nous égare par les illusions de l’imagination, et nous conduit à commettre des fautes (t. I, p. 45-49, 135-189). Aussi, cette partie irraisonnable est-elle punie après la mort par les souffrances qu’elle subit, quand