laquelle se trouve toujours l’être… Aristote a considéré l’être en soi, identique avec l’intelligence, comme exempt de tout mouvement et de toute différence. À l’exemple de Platon, Plotin fait de la différence et de l’identité, du mouvement et du repos, des attributs inséparables de l’être. C’est ce qu’il nomme, par une fausse analogie avec les catégories d’Aristote, les premiers Genres de l’être. À l’exemple de Platon, il tente donc de s’élever, dans la recherche du premier principe, au delà de l’être comme de l’intelligence. De l’âme, à la fois unité et multitude, il a remonté à un principe qui n’est encore à ses yeux qu’une unité multiple ; il aspire enfin à l’unité absolue… Tandis que, suivant Aristote, c’est par l’acte auquel elles tendent que les choses sont unes, et que, par conséquent, c’est dans l’être dont l’acte est la mesure que se trouve la raison de l’unité ; pour Plotin, comme pour Platon et les Pythagoriciens, c’est l’unité qui est la raison de l’être. De là, si les deux doctrines s’accordent, se côtoient dans leur marche, et souvent même coïncident l’une avec l’autre, elles se séparent enfin d’une manière décisive sur la nature du premier principe. » (Ibid., p. 412, 414, 422.) On peut rapprocher de ce jugement de M. Ravaisson sur la doctrine de notre auteur celui du P.Thomassin (Voy. p. 221, 222, 235, notes) et celui de M. Steinhart (p. 211, 223, 237, notes).
Nous avons indiqué dans les notes plusieurs rapprochements intéressants avec Synésius (p. 233). saint Denys l’Aréopagite (p. 225, 228), et saint Augustin (p. 227, 228, 233).
Nous ajouterons ici deux nouveaux rapprochements entre Plotin et saint Augustin :
Pour expliquer comment le Bien se communique à tous les êtres, à chacun selon sa capacité, Plotin dit (p. 227) : « Partout où vous approchez du Bien, ce qui peut en participer en vous en reçoit quelque chose. Supposez qu’une voix remplisse un désert et les oreilles des hommes qui peuvent s’y trouver : en quelque endroit que vous prêtiez l’oreille à cette voix, vous la saisirez tout entière en un sens, non tout entière dans un autre sens. »
Saint Augustin développe parfaitement cette idée dans sa Lettre clxxxvii (De præsentia Dei, § 6) :
« Si quemlibet sonum, quum corporea res sit ac transitoria, surdus non capit, surdaster non totum capit, atque, in his qui audiunt, quum pariter ei propinquant, tanto magis alius alio capit quanto