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NOTES ET ÉCLAIRCISSEMENTS.


sibilité de l’âme des idées analogues à celles de Plotin. Or il paraît n’avoir pu s’inspirer que de lui (comme on en peut juger par les rapprochements importants que nous avons faits dans les notes, p. 125-133) : car c’est dans les Ennéades qu’on trouve pour la première fois exposée d’une manière systématique la théorie de l’impassibilité des essences incorporelles.

C’est sans doute l’exemple de saint Augustin qui a déterminé le P. Thomassin à consacrer un chapitre entier de ses Dogmata theologica (liv. V, ch. 7) à l’analyse et à l’examen des idées de notre auteur sur l’impassibilité de l’âme. Il termine son travail par ces réflexions remarquables :

Sentio nonnulla esse in his philosophorum decretis, quæ nostris forsan hominibus minus arrideant. Fidei periculum penes eos sit ; horum decretorum nec auctor ego sum nec fidejussor. Ut ea referrem impulit me non dubia, ut reor, fiducia et voluptatis et utilitatis plurimæ bine ad lectores redundaturæ, extra ullum aberrandi periculum. Quæ mox enim e Sanctis Patribus et ex ipsis Scripturarumoraculis de hac eadem re corrasuri sumus, ea instar erunt regulæ indeflexæ, ad quam probentur et exigantur philosophica illa omnia decreta. Non potest autem interim non perfundi aliquo sensu voluptatis lector, dum perpendit homines ab omnibus fidei et religionis veræ adminicules destitutos tam alte in ejus arcana cœlestia penetrasse ; dum advertit, inquam, penitissima fidei et religionis arcana in ipsis hominum præcordiis descripta esse, ubi possent et ceteri ea perlegere, et in schola pectoris sempiternæ veritatis vocem audire legemque addiscere, si dissipatam per sensibilia mentem revocarent seque in se reciperent. Non potest non et voluptatis et utilitatis plurimum conferre ea res, in qua tantum momenti tantumque præsidii ad fidei et Theologiæ Christianæ veritatem illuminandam confirmandamque. »

B. Purification de l’âme.

Nous avons déjà établi dans les notes (p. 136-138) que saint Augustin reproduit sous des formes diverses la théorie de Plotin sur la purification de l’âme. Il nous reste à prouver que saint Augustin s’est en cela inspiré de Plotin, et non de Platon, comme on pourrait le croire au premier abord. Pour dissiper toute espèce de doute à cet égard, nous allons faire voir qu’on retrouve dans ce Père toute la théorie des vertus purificatives et des vertus intellectuelles telle qu’elle est exposée dans le livre ii de l’Ennéade I. Voici comment saint Augustin s’exprime sur ce sujet :