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TROISIÈME ENNÉADE, LIVRES II ET III.


les scélérats eux-mêmes ne font pas le mal comme mal ; ils ne cherchent que le bien[1], et s’ils n’y parviennent pas, c’est une erreur fatale qui les égare ; mais leur égarement n’est pas l’effet de cet ordre divin qui émane du bien suprême. » (Consolation de la philosophie, liv. IV, 6.)

Il suffit de jeter les yeux sur les notes dont nous avons accompagné ce morceau pour reconnaître que la doctrine de Boèce sur la Providence et le Destin est identique à celle de Plotin. Nous n’ajouterons plus qu’une remarque. Dans les Éclaircissements du tome I (p. 472), nous avons déjà dit que la distinction établie par Plotin entre l’ordre de la Providence et l’ordre du Destin correspond exactement à ce que Leibnitz appelle, dans sa Monadologie, le règne physique de la nature et le règne moral de la grâce. Leibnitz s’est-il inspiré de l’ouvrage de Boèce, qu’il connaissait certainement ? Nous nous bornons à poser cette question, la laissant à résoudre au lecteur.

3. Bossuet, Fénelon, Leibnitz.

Ces trois écrivains, comme nous l’avons dit dans la préface du premier volume, ne nomment pas Plotin et ils paraissent n’avoir connu ses doctrines que par saint Augustin, Boèce et saint Denys l’Aréopagite. Néanmoins, ils reproduisent ou développent sur plusieurs points importants les idées de notre auteur, comme on en peut juger par les rapprochements que nous avons déjà eu l’occasion de faire et que nous nous bornons à rappeler ici :

Pour Bossuet, Voy. t. I, p. 433, 437.

Pour Fénelon, Voy. t. II, p. 25, 26, 49, 51, 54.

Pour Leibnitz, Voy. t. I, p. 432, 472-473 ; t. II, p. 21, 39, 45, 55, 60, 66, 67, 68, 85.

À ces citations nous ajouterons un passage de Leibnitz qui résume à la fois toute la doctrine de Plotin et celle de S. Augustin :

« C’est un dicton aussi véritable que vieux : Bonum ex causa integra, malum ex quolibet defectu ; comme aussi celui qui porte : Malum causam habet non efficientem, sed deficientem. » (Théodicée, I, § 33.)


  1. « Les torts que se font mutuellement les hommes peuvent avoir pour cause le désir du bien, etc. » (Plotin, ibid., § 4, p. 30-32. Voy. aussi § 9, p. 45.)