Page:Plotin - Ennéades, t. II.djvu/550

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
500
QUATRIÈME ENNÉADE.


mais elle aurait pu donner des formes si ces formes n’étaient des parties du Tout qui les produit[1].

IV. Voilà ce que nous avions à dire pour qu’on ne s’étonnât pas de nous voir ramener les âmes à l’unité. Mais, pour que cette discussion soit complète, il faut encore que nous déterminions comment toutes les âmes sont une seule âme. Est-ce parce qu’elles procèdent d’une seule âme, ou parce que toutes forment une seule âme ? Si toutes procèdent d’une seule âme, celle-ci se divise-t-elle, ou bien demeure-t-elle tout entière en faisant naître d’elle-même la multitude des âmes ? Et, dans ce dernier cas, comment une essence peut-elle, tout en demeurant en elle-même, faire naître d’elle-même une multitude ?

Après avoir invoqué le secours de Dieu, disons que l’existence de l’Âme une est la condition de l’existence de la multitude des âmes, et que cette multitude doit procéder de l’Âme qui est une.

Si l’Âme une était un corps, nécessairement la division de ce corps produirait la multitude des âmes, et cette essence serait différente dans ses différentes parties. Cependant, comme cette essence serait homogène, les âmes entre lesquelles elle se diviserait] seraient conformes entre elles, parce qu’elles posséderaient une forme une et identique dans sa totalité, mais elles différeraient par leurs corps. Si l’essence de ces âmes consistait dans les corps qui leur serviraient de sujets, elles seraient différentes les unes des autres ; si l’essence de ces âmes consistait dans leur forme, elles ne seraient toutes qu’une seule âme par leur forme : en d’autres termes, il n’y aurait qu’une seule et même âme dans la multitude des corps. En outre, au-dessus de cette âme qui serait une, mais qui serait répandue dans la multitude des corps, il y aurait une autre Âme qui ne serait pas répandue dans la multitude des corps ; c’est

  1. Voy. ci-dessus le livre III, § 6, p. 275.