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QUATRIÈME ENNÉADE.


de faire toujours les mêmes travaux et d’obéir[1] : il nous réduit ainsi à des conjectures, faute de s’expliquer clairement, et il nous oblige de chercher comment il est arrivé lui-même à découvrir ce qu’il avance.

Empédocle enseigne que c’est une loi pour les âmes qui ont péché de tomber ici-bas, que lui-même, s’étant éloigné de Dieu, est venu sur la terre pour y être l’esclave de la Discorde furieuse[2]. Il s’est contenté, je crois, de dévoiler les idées que Pythagore et ses sectateurs exprimaient en général par des symboles sur ce sujet et sur beaucoup d’autres. Empédocle est d’ailleurs obscur parce qu’il emploie le langage de la poésie.

Reste le divin Platon, qui a dit tant de belles choses sur l’âme. Il a dans ses dialogues souvent parlé de la descente de l’âme dans le corps, en sorte que nous avons le droit d’espérer de lui quelque éclaircissement. Que dit-il donc ? Il n’est point partout assez d’accord avec lui-même pour qu’on puisse aisément saisir sa pensée. En général, il rabaisse les choses sensibles, déplore le commerce de l’âme avec le corps, affirme qu’elle y est enchaînée, qu’elle s’y trouve ensevelie comme dans un tombeau[3] ; il attache beaucoup d’importance à cette maxime enseignée dans les mystères que l’âme est ici-bas comme dans une prison[4].

    son Théophraste. Voyez dans l’Appendice de ce volume, p. 673-675, la traduction de ce morceau, qu’il est indispensable de rapprocher du texte très-concis de Plotin pour bien saisir le sens de ce dernier.

  1. Creuzer propose de lire ἄγχεσθαι au lieu de ἄρχεσθαι. Nous ne saurions adopter cette conjecture : car la paraphrase qu’Énée de Gaza fait de cette citation montre qu’il a lu ἄρχεσθαι dans le texte de Plotin. Voy. ci-après, p. 673.
  2. Plotin revient sur cette citation dans le § 5. Voy. encore ci-après, p. 649, le passage dans lequel Jamblique énumère les opinions des anciens philosophes sur la Descente de l’âme dans le corps.
  3. Voy. Platon, Cratyle, p. 400. Tout ce que Plotin dit ici de Platon est cité et commenté par le P. Thomassin, Dogmata theologica, t. I, p. 318.
  4. Voy. Platon, Phédon, p. 62.