Page:Plotin - Ennéades, t. II.djvu/516

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
466
QUATRIÈME ENNÉADE.


III. l’âme est une essence incorporelle et immortelle.

Quelle est donc la nature de l’âme, si elle n’est ni un corps, ni la manière d’être d’un corps, et que cependant la force active, la puissance productrice (πρᾶξις, ποίησις) et les autres facultés résident en elle ou viennent d’elle ? À quel genre appartient donc cette essence qui a une existence indépendante des corps ? Évidemment, elle appartient au genre que nous appelons l’essence véritable. Il faut, en effet, ranger dans le genre de la génération et exclure du genre de l’essence véritable tout ce qui est corporel, qui naît et périt, qui n’existe jamais véritablement, qui ne doit son salut qu’à ce qu’il participe de l’être véritable, et cela en tant qu’il en participe.

IX. Il est absolument nécessaire qu’il y ait une nature différente des corps, possédant pleinement par elle-même l’être véritable, qui ne peut ni naître ni périr ; autrement, toutes choses s’évanouiraient sans retour, si jamais venait à périr l’être qui conserve les individus et l’univers, qui en fait le salut comme la beauté. L’âme, en effet, est le principe du mouvement[1] ; c’est elle qui le communique au reste ; quant à elle, elle se meut elle-même. Elle donne la vie au corps qu’elle anime ; mais seule elle possède la vie, sans être jamais sujette à la perdre, parce qu’elle la possède par elle-même. Tous les êtres, en effet, ne vivent pas d’une vie empruntée ; sinon, il faudrait remonter à l’infini de cause en cause. Il y a donc une nature premièrement vivante, nécessairement incorruptible et immortelle parce qu’elle est le principe de la vie pour tout le reste. C’est là

    péripatéticienne les fragments de Porphyre dont on trouvera la traduction ci-après, p. 622.

  1. Voy. la démonstration que Platon donne de l’immortalité de l’âme dans le Phèdre (t. VI, p. 47 de la trad. de M. Cousin).