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LIVRE CINQUIÈME.


cause du son en tant qu’air : car il ne résonne qu’autant qu’il ressemble à un corps solide, demeurant en place, avant de se dilater, comme quelque chose de solide[1]. Il suffit donc ici des objets qui se choquent, et ce choc ou cette impulsion forme le son qui parvient au sens de l’ouïe. On en a une preuve dans les sons qui se produisent à l’intérieur des animaux, sans air ; quand une partie est frappée par une autre : tel est le son que rendent certaines articulations, quand on les fléchit, ou certains os, quand on les choque l’un contre l’autre ou qu’on les brise ; dans ce cas, l’air n’intervient pas.

Telles sont les considérations auxquelles l’ouïe donne lieu, et qui ressemblent à celles auxquelles nous nous sommes livrés au sujet de la vue. Il faut donc dire ; pour l’ouïe, que sa perception consiste, comme celle de la vue, en une affection ressentie sympathiquement dans l’animal universel.

VI. Il nous reste à examiner s’il y aurait de la lumière sans air, dans le cas où le soleil illuminerait la surface des corps et que le vide existerait dans l’intervalle qui est actuellement éclairé par accident en vertu de la place qu’il occupe [entre le soleil et les corps]. — Certes, si les autres choses étaient affectées parce que l’air serait affecté lui-même) si la lumière avait pour substance l’air dont elle serait une affection, cette affection ne saurait exister sans le sujet qui l’éprouverait. Mais [selon nous], la lumière n’est pas essentiellement propre à l’air en tant qu’air : car tous les corps ignés et brillants, entre autres les pierres précieuses, ont une couleur lumineuse. — Ce qui passe d’un corps brillant dans un autre corps existerait-il sans cet autre corps ? — Si la lumière n’est qu’une simple qualité d’une chose, comme toute qualité suppose un sujet, il faut chercher la lumière dans le corps dans lequel elle réside. Si c’est

  1. « L’air en lui-même n’a pas de son, parce qu’il est trop aisément divisible ; mais, quand on l’empêche de se disperser, le mouvement qu’il reçoit alors devient du son. » (Ibid., p. 220.)