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LIVRE QUATRIÈME.


choses dont la production est provoquée par quelqu’un, soit par de simples vœux, soit par des enchantements composés avec art, elles doivent être rapportées, non à quelque astre, mais à la nature même de ce qui est produit. Pour les choses qui sont nécessaires à la vie ou qui servent à quelque autre usage, il faut les attribuer à la bonté des astres ; c’est un don qu’une partie plus puissante fait à une autre qui est plus faible. Si l’on dit que les astres exercent quelque effet fâcheux sur la génération des animaux, c’est alors que la substance n’est pas capable de recevoir ce qui lui est donné : car l’effet n’est pas produit absolument, mais relativement à tel sujet et à telle condition ; il faut que ce qui pâtit et que ce qui doit pâtir aient une nature déterminée. 2o Les mélanges exercent aussi une grande influence, parce que chaque être fournit quelque chose d’utile pour la vie. Il peut d’ailleurs arriver quelque chose de bon à une personne sans le concours d’êtres qui soient utiles par leur nature. 3o La coordination de l’univers ne donne pas toujours à chacun ce qu’il désire. 4o D’ailleurs, nous ajoutons nous-mêmes beaucoup à ce qui nous est donné. 5o Toutes les choses n’en sont pas moins embrassées dans une même unité ; elles forment une admirable harmonie ; bien plus, elles dérivent les unes des autres quoiqu’elles proviennent de contraires. Toutes en effet sont les parties d’un seul animal. Si quelqu’une des choses engendrées est imparfaite parce qu’elle n’est pas complètement formée, c’est que, la matière n’étant pas entièrement domptée, la chose engendrée dégénère et tombe dans la difformité[1].

Ainsi, certaines choses sont produites par les astres, d’autres découlent de la nature de la substance, d’autres enfin sont ajoutées par les êtres eux-mêmes.

XXXIX. Comme toutes choses sont toujours coordonnées dans l’univers, que toutes concourent à un seul et même

  1. Plotin reproduit les mêmes idées à la fin du § 39, p. 397.